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Parole de bloggeur : « Merci Londres 2012 »

août 16th, 2012 · No Comments

La flamme Olympique s’est éteinte dimanche soir. Clap de fin de deux semaines sportives qui auront déchainé les passions (avant comme pendant). Mais que retenir de ces 3emes Jeux Olympiques à Londres ? le récit et les photos du bloggeur londonien Cédric Chambaz.

“Commençons par un flashback. Je me souviens parfaitement de l’instant. 6 Juillet 2005. Je suis en voiture et je me dis que rien ne serait plus beau comme cadeau d’anniversaire que le CIO offre à Paris les Olympiades qu’elle a tant espérées. La Capitale, tout comme l’Hexagone, s’est prise à rêver de ces JO au cœur de la ville des Lumières. Des JO au cours desquels les athlètes concourraient sur le Champs de Mars avec la Tour Eiffel en toile de fond… Le transistor crépite ; j’habitais alors à Singapour… Et puis le verdict tombe, Paris n’aura pas su complètement convaincre et c’est Sebastian Coe, l’enfant de Chiswick, héros du demi-fond des années 80, qui ramène dans son escarcelle une nouvelle victoire. La France est amère de ce nouveau revers, mais Londres est en liesse. Elle tient ses troisièmes jeux olympiques. Malheureusement cette joie ne durera pas puisque dès le lendemain c’est l’horreur qui attend les Londoniens avec cette vague d’attentats à la bombe qui met les rues de la capitale britannique à feu et à sang. Et si Paris avait gagné ?

London 2012 - Center of the world

Le hasard de la vie m’a fait traverser La Manche quelques mois plus tard. Finalement comme l’aurait écrit Paul Feval, « si les jeux ne viennent pas à moi, c’est moi qui irai aux Jeux ». Sept ans plus tard, nous y voilà. De system failure en system failure, la District Line n’a eu de cesse de se rénover. L’Est de Londres s’est redynamisé sous l’impulsion de la construction du parc olympique. Les Londoniens se sont portés volontaires en masse. Et puis les rues se sont peuplées de nouveaux accoutrements. Oubliez les costumes de la City, les hipsters de Shoreditch et les goths de Camden. Pour une quinzaine de jours ce sont les survêtements qui seront tendance… Même s’ils doivent pour cela être estampillés Stella McCartney.

Au coeur des Jeux

Certains ont fui l’affluence. Pas question pour eux de partager la ville avec un million de visiteurs. Personnellement, un tel choix me paraissait inconcevable. Mes parents m’ont tant parlé des Jeux de 68, des Jean-Claude Killy et autres Marielle Goitschel, et de comment ils avaient été émus aux larmes par le battement de cœur de ce coureur qui avait embrasé la flamme. Bam-bam, bam-bam, bam-bam. Je voulais à mon tour vibrer sur ce même rythme. Bam-bam, bam-bam, bam-bam. Je voulais embrasser pleinement la promesse des jeux, et désormais je voudrais partager avec vous quelques uns de ces battements de cœur. Bam-bam, bam-bam, bam-bam. Mes jeux, à cœur ouvert, en quelque sorte.

Les jeux olympiques sont mémorables. On a tous, ancrés dans un coin de sa tête, des instants ou des images de ces évènements. David Douillet, avant les jeux de Sydney, m’avait marqué en soulignant lors d’une interview que ses jeux seraient finis dès le premier jour de la quinzaine avec, il l’espérait, une seconde médaille d’or après celle d’Atlanta. Or ma première rencontre avec l’olympisme devait justement se faire le premier samedi matin des Jeux, au détour d’un tatami et ses propos allaient prendre une toute autre dimension. A l’ExCel Arena, quelques heures seulement après que la Queen a sauté en parachute sur Londres aux cotés de James Bond, les combats s’enchaînent sur deux tatamis. Et malheur aux vaincus…

Judo, S(p)ort cruel

Imaginez : vous entrez dans la salle, saluez les arbitres, votre adversaire qui attrape votre kimono et vous projette au sol. 4 secondes de combat, fin des jeux et quatre années balayées. Littéralement. Qui plus est, vous n’avez même pas assisté à la cérémonie d’ouverture de la veille pour être en forme aux aurores. Je vous laisse donc imaginer la détresse de ces sportifs qui auront du mal à accepter que « l’important est de participer ». Cette détresse touche même plus que les victoires, comme en atteste la déclaration du Britannique Euan Burton suite à son élimination : « Je ne vois rien de positif. J’ai l’impression d’avoir failli à moi-même. J’ai failli à mes entraîneurs, et à tous ces avec qui je me suis entrainé. J’ai failli à ma mère, mon père et à mon frère. J’ai travaillé dur pendant un quart de siècle pour en arriver là, donc non, il n’y a vraiment rien de positif à en retirer. ». Tout est dit.

Ipanama-on-Thames

London 2012 - beachvolley arena

A l’image de ce qu’avaient envisagé les Parisiens, le comité olympique a réussi à intégrer certaines épreuves dans cet écrin qu’est Londres. Comme un avant-gout des prochains jeux brésiliens, une plage avait ainsi vu le jour sur le parvis de la Horseguard Parade pour y accueillir les épreuves de Beach volleyball. Malgré les occasionnelles averses, St James Park avait des airs balnéaires où la foule, bon enfant, s’ébrouait sur les instructions d’un speaker déchaîné. C’est aussi ça les Jeux Modernes.

It’s coming home.

L’Angleterre est la patrie du football. Mais si le beach volleyball fleure bon le sable chaud de Copacabana, le monde du ballon rond a lui trop souvent des relents de machisme et de sexisme venus d’un autre temps. Aussi le fait de voir le temple de cette religion indigène, Wembley, rempli de 80 000 spectateurs applaudissant les performances des footballeuses était déjà une victoire en soi.

London 2012 - The women football medallists

Mais que dire de cette expérience privilégiée que de pouvoir promener mon appareil photo après la cérémonie de remise des médailles dans cet endroit mythique. Tandis que les stadiers démontent les cages et que les travées se vident, les joueuses américaines tout juste auréolées d’une médaille d’or ressortent des coursives et entament un tour de la pelouse, comme pour prolonger un peu plus cet instant. Tobin Heath, la pieuse, s’arrête bras en croix, yeux fermés, pour absorber le moment de tout son être. Le calme, après la tempête ?

La Marseillaise pour finir.

Et puisque je parle de moments inoubliables, je ne puis faire l’impasse sur la performance des Experts. Les handballeurs français, piqués au vif par des championnats européens ratés, ne voulaient céder leur titre olympique à qui que ce soit. Or j’ai eu l’immense privilège d’assister à la finale depuis la tribune où les familles des joueurs ainsi que d’autres membres de l’équipe de France Olympique étaient regroupés. Touchantes les larmes des femmes de joueurs quand leurs maris montaient sur la plus haute marche du podium… Elles qui sont pourtant habituées à les voir côtoyer les cimes puisque lors des six dernières années ces Experts ont quand même glanés deux titres mondiaux, deux titres européens et donc deux titres olympiques… Comme quoi on ne s’habitue jamais vraiment à la gloire. D’autant que tout succès est relatif, comme l’atteste cette scène surréaliste durant laquelle Renaud Lavillenie, lui-même champion olympique à la perche la veille, vient demander un autographe au capitaine de l’équipe de France, Jérôme Fernandez, comme les autres anonymes. Et celui-ci de lui glisser : « à toi d’aller chercher la deuxième maintenant ! ».

London 2012 - French handball supporter

Mais en tant que Français de Londres, il y a un instant qui m’a tout simplement bouleversé. Comme je le décrivais sur mon site, il est parfois légitime de s’interroger sur son attachement à son pays d’origine quand, comme moi, on se considère comme un citoyen du monde, un migrant. La réponse à ce questionnement repose dans ce petit test : pouvez-vous écouter cette Marseillaise, chantée par tout un stade, sans avoir des frissons vous parcourir l’échine ? Moi non ! Une réaction épidermique qui vaut tous les serments d’allégeance :

Au final, je dirais que durant ces jeux, Londres n’a jamais été aussi souriante et avenante. J’ai été fier de MA ville, j’ai été fier de MES pays et j’ai été fier d’être l’un des battements de ce cœur olympique. Merci London 2012.”

 

Tags: Olympics 2012 · Vivre à Londres

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