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Les toxicos ne devraient plus aller en prison…

mars 13th, 2008 · 6 Comments

Un traitement plutôt qu’une cellule. Voilà en somme la dernière recommandation du Sentencing Guidelines Council. Selon cet organisme consultatif britannique, juges et magistrats devraient être plus cléments envers les « addicts » (drogués, alcooliques, accros aux jeux…) qui volent pour se payer leur « came ». Au lieu d’une incarcération, le Council propose des cures de désintoxication.Le but, c’est d’éviter à tout prix la spirale de la criminalité pour les « addicts » en leur offrant une chance de se sevrer… Là où une personne « clean » se verrait infliger 12 mois de détention, un drogué aurait donc droit à une aide médicalisée. On imagine bien que ça n’est pas en prison qu’un toxico va guérir.

Mais cette main tendue va plus loin et pose quand même un certain nombre de questions. Selon le même Council, la justice devrait aussi être plus clémente envers les employés qui volent leur patron s’ils sont dans le besoin (jusqu’à 20.000£ !!!). Même clémence pour le vol à l’étalage « avec intimidations, menaces et blessures légères ». Rien que ça. J’avoue que là, je tilte un peu. Taper dans la caisse quelques Livres, why not mais mettre la barre à 20.000£, je trouve ça un peu excessif!

Du côté des associations, on applaudie cette recommandation qui sera discutée en mai. Au sein de l’opposition, on fronce les sourcils. Selon Nick Herbert, député conservateur cité dans The Daily Telegraph cette semaine, le gouvernement tente de trouver des alternatives à la prison faute d’avoir construit assez de places derrière les barreaux. Selon le lui, « les punitions doivent correspondre aux crimes, pas à la taille des prisons ».

Si on peut considérer qu’un accompagnement est (parfois) plus efficace que de la prison, faut-il pour autant « dé-criminaliser » les vols? N’est-ce pas créer deux niveaux de justice?

Vous en pensez quoi?

Tags: News / Actu

6 responses so far ↓

  • 1 Elisa // Mar 14, 2008 at 9:41

    J’en pense qu’effectivement, ca ne sert a rien d’envoyer en prison des gens « accros » vu que c’est justement ca leur probleme et que, la plupart du temps, s’ils ont volé ou agressé des personnes, c’etait a cause du manque et dans le but de se procurer ce dont ils avaient besoin.
    J’ai entendu ca a la tele hier (j’habite a Nottingham) et je trouve que c’est une bonne idee. Par contre, alléger les peines de ceux qui ont volé pour d’autres motifs ou pire, agressé d’autres personnes, c’est ridicule et ca laisse surtout la porte ouvert a tous les debordements…

  • 2 polo // Mar 14, 2008 at 7:28

    c’est vrai que la prison ne résoudra rien pour les toxicomanes, mais n’y a-t-il pas un risque que tous les voleurs ou agresseurs se présente devant le juge comme accroc pour éviter la prison ?

  • 3 matt // Mar 15, 2008 at 3:53

    effectivement le problème est l’abus que ça peut engendrer, et donc la distinction entre réel addict et faker…Bon courage aux autorités si c’est appliqué.

  • 4 Joséphine // Mar 16, 2008 at 2:27

    Bonjour!!! Cet article est très intéressant et il illustre parfaitement les problèmes conjoints de la répression et de la prévention. Quelle est la solution idéale pour punir tout en aidant? Il s’agit d’un véritable choix, avec toute une philosophie derrière. Soit on considère que les toxicomanes sont responsables de leur choix, et à ce titre il faut les sanctionner ; soit on les considère comme des victimes d’une addiction qui les dépasse, et il faut alors les aider. Que faire? Par des amis, j’ai connu les deux types de cas, et ce qui fonctionne avec l’un ne fonctionne pas avec l’autre. Je suis incapable de dire quel système est le plus efficace.

  • 5 Joséphine // Mar 16, 2008 at 2:27

    Bonjour!!! Cet article est très intéressant et il illustre parfaitement les problèmes conjoints de la répression et de la prévention. Quelle est la solution idéale pour punir tout en aidant? Il s’agit d’un véritable choix, avec toute une philosophie derrière. Soit on considère que les toxicomanes sont responsables de leur choix, et à ce titre il faut les sanctionner ; soit on les considère comme des victimes d’une addiction qui les dépasse, et il faut alors les aider. Que faire? Par des amis, j’ai connu les deux types de cas, et ce qui fonctionne avec l’un ne fonctionne pas avec l’autre. Je suis incapable de dire quel système est le plus efficace.

  • 6 Delphine // Mai 3, 2008 at 10:21

    J’en pense que la toxicomanie ne s’est jamais traitée dans des prisons. Ici, en Belgique, elle ne fait qu’empirer dans les prisons tant pour y survivre, on y fait introduire toutes sortes de cames, même parfois par les gardiens !
    En fait, les cures de désintoxication forcées ne sont pas efficaces non plus…

    Techniquement, tout ce qui est efficace dans le cadre du traitement d’une toxicomanie est :
    – le prérequis de base : que la personne ait envie de se sortir de ce problème car il faut vraiment qu’elle se « re »cadre,
    – qu’elle trouve une bonne équipe d’aidants pour la remettre totalement sur les rails (ici, on a des centres de santé mentale pour ça),
    – que grâce à l’aide d’un psy, elle trouve la raison profonde pour laquelle elle se drogue (cad qu’il existe toujours une raison particulière, en général refoulée, qui cause le mal-être et la nécessité d’y attribuer une causalité en général externe et de consommer un produit extérieur à soi, de trouver la réponse au problème via la consommation de produits,
    – en général, sans quitter son milieu et sans repartir à 0, on n’arrive à rien,
    – il faut aussi un bon suivi médical surtout pour les alcooliques et une mise au vert pour les accros à la coke, les alcooliques, sevrés sans médicaments (notamment un coktail permettant la survie du cerveau) , risquent la mort contrairement à tous les autres consommateurs d’autres drogues.

    Bref, on remarquera à quel point le sujet est vaste (surtout dans les situations où il y a des enfants) et combien une prise en charge psychomédicosociale est nécessaire. Donc, ce n’est pas la prison qui sevra, ni les cures si la personne n’est pas prête à la suivre.

    Je m’amuse toujours, en tant qu’ex professionnelle du domaine, à voir les frasques de nos stars internationales qui se rendent en cure pendant quinze jours pour se retaper. Comme si c’était possible de se sevrer en une si courte période !
    Les centres de cure américains (les anglais, je ne sais pas) semblent davantage tenir de l’ordre du contrôle social ou de la pompe à fric que des centres de soins… Comme beaucoup de choses ayant trait à la santé ces temps-ci, par ailleurs.

    Quoi qu’il en soi, si le délit pour lequel la personne toxicomane est emprisonnée est la possession de drogues ou la consommation (je ne connais pas la législation anglaise, ici il est interdit de posséder, pas de consommer, ce qui est ridicule), rien de tout ça ne peut être efficace.

    Par contre, même si je suis à un degré de tolérance presque malsain vis à vis des personnes toxicomanes, je peux dire que je ne suis pas d’accord pour qu’elles ne purgent pas une peine de prison pour un délit autre (vol, dégradation de biens, bagarres).
    Par ailleurs, ici, il existe des ailes psychiatriques bien utiles à la guérison de ce type de personne.
    Encore faut-il savoir si elles sont 100% adaptées. Elles le seraient si l’intervenant était tenu au secret professionnel envers la direction de l’établissement et la justice. La personne toxicomane a besoin de faire confiance et n’accepte pas la trahison.

    Bref, on ne répond pas à une problématique lourde par des mesurettes, surtout lorsqu’on sait que les causes de cette problématique sont en général sociales et donc créées et entretenues par la société : pauvreté excessive tant au niveau financier que culturel, absence de repères psychosociaux liés à une éducation foireuse, problématiques psychiques très profondes et compliquées, liées à l’éducation entre autres, mais aussi maltraîtance, viols, prositution forcée, psychopathologies diverses et double diagnostic, …

    Dans un monde en paix, meilleur, parmi les pâquerettes et les petits lapins bondissants, tout le monde serait heureux et personne ne serait taré. C’est la société telle qu’elle fonctionne qui crée ses « fous », un fou étant déclaré comme fou selon l’époque dans lequel il vit.
    Si la toxicomanie était acceptée et si la came coutait moins cher, le toxicomane n’aurait pas à voler. Au lieu de ça, on vent rentrer dans un hygiénisme totalitariste qui signifie que la santé de chacun concerne tout le monde.
    Nombreux toxicomanes demandent le droit de se shooter en paix.
    Le jour où la came sera contrôlée par les gouvernements, elle sera nettement plus propre, ce qui aidera à la non prolifération des maladies telles les hépatites, le sida, …
    En fait, tout ça n’est qu’une question de contrôle de l’autre.

    Qui a dit qu’être drogué était mal, finalement ?
    Oh bien sûr, les risques d’overdose existent et la société a toujours bien aimé mettre la main devant le suicide ou la mort de l’autre. C’est une pulsion de vie compréhensible.
    Mais si elle doit mener les gens à être vivants et malheureux, …

    En fait, la toxicomanie existera toujours tant qu’elle sera montrée du doigt, de un et tant que la société ne sera pas plus tolérante et égalitaire.

    Concernant les vols maintenant, faut pas déconner. Bon, ok, la délinquance financière est très peu sanctionnée donc pourquoi sanctionner la petite délinquance (même à 20.
    000) ?
    Mais bon, on ne justifie pas l’existence d’un système ultracapitaliste en autorisant les gens à piquer dans les caisses.
    C’est absurde.

    PS : mille excuses pour la longueur du poste. Quand j’ai écrit mon mémoire sur ce sujet, j’ai eu du mal à m’en tenir à 100 pages. 😀

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